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Rencontre avec Gilles-Emmanuel JACQUET, professeur de Relations Internationales à l'IMSG

Témoignages

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14/06/2020

Gilles-Emmanuel JACQUET est titulaire d’une licence en Sciences Politiques et d’un DEA en Études européennes à l’Université de Genève. Il enseigne à l’IMSG les relations internationales. Dans cet entretien il revient sur son parcours et sur les opportunités qu’offre la ville de Genève en matière de relations internationales.


Vous avez beaucoup voyagé durant votre carrière, est-ce que vous pouvez nous parler de vos différentes missions à l’international ? 


À l’international ma première mission était après mes études en 2009/2010, j’ai travaillé pour l’Alliance française de Moldavie, puis pour le service de coopération et d’actions culturelles de l’ambassade de France en Moldavie, ce qui a été une très bonne opportunité pour moi, pour connaître un pays qui m’intéressait.
Après j’ai eu des missions d’enseignement cette fois-ci en Afghanistan. C'était compliqué mais très intéressant ! Et puis aussi des missions en Côte d’Ivoire, au Niger, en Algérie et au Congo Brazzaville.


Quelles sont les régions du monde où vous avez préféré travailler ? 


Disons que selon les régions ou les contextes, les enjeux, les risques et les intérêts ne sont pas les mêmes. En Moldavie, j’ai eu beaucoup de plaisir à travailler parce que je connaissais déjà le pays, j’avais des contacts sur place. J’ai pu à l’époque aller dans la zone séparatiste, en Transnistrie, c’était intéressant. Ensuite, si je devais comparer avec d’autres destinations, je pourrais dire que l’Afghanistan a été très dur mais très intéressant aussi. Cela a été un challenge au niveau pédagogique mais aussi au niveau humain. Je ne vous cache pas qu’il y’a eu des moments difficiles, des attaques, des problèmes sanitaires…

J’ai appris énormément de choses, des choses que l’on apprend pas en cours. 


Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans les relations internationales ? 


Je dirais que c’est la découverte d’autres réalités humaines, politiques, sociales, culturelles. Mais il y’a aussi une forme de complémentarité, de compréhension, d’adaptation mutuelle et ça c’est très enrichissant du point de vue humain. 

Le fait aussi que les relations internationales évoluent. J’ai connu la Guerre Froide, maintenant nous sommes dans l’ère post 11 septembre depuis bientôt 20 ans. Et c’est intéressant aussi de voir comment certaines problématiques, certaines dynamiques évoluent à travers le temps et comment aussi des nouvelles problématiques apparaissent. Et puis aussi de comparer ce que l’on voit, ce que l’on nous raconte, ce que l’on étudie avec la réalité du terrain. 


Avez-vous un moment fort de votre carrière à partager avec nous ? 


Oui, j’en ai plusieurs ! Des moments forts c’est quand par exemple vous voyez des étudiants qui ont “réussi” ou qui ont atteint leurs objectifs. Des étudiants qui ont fait beaucoup d’efforts, qui ont été très travailleurs dans des contextes parfois difficiles, et qui arrivent à avoir un parcours de vie intéressant, qui force le respect. Je suis toujours très ému quand je vois mes étudiants atteindre leurs objectifs, mettre en oeuvre leurs projets et en vivre. 

Et puis les moments forts à l’étranger c’est quand il m’est arrivé parfois de vivre de situations un peu tendues, ou de rencontrer des gens que l’on a plutôt l’habitude de voir à la télévision. Des hommes politiques, ou il m’est arrivé de croiser en Afghanistan des militaires que j’avais vu à la télé dans des reportages, chose assez exceptionnelle. C’est surtout des moments où il y’a un rapport humain fort, quelque chose de qui s’en dégage c’est ça qui me marque à chaque fois. 


Vous nous avez parlé de certaines rencontres que vous avez fait durant votre carrière, y’en a t-il une qui vous a marquée tout particulièrement ? 


Je dirais qu’il y’a eu des rencontres avec mes enseignants dans le passé, quand j’étais élève puis étudiant. Et aussi des gens que j’ai rencontré à l’étranger de différents profils qui m’ont fait vivre des moments forts, qui m’ont amené parfois à me remettre en question, notamment dans le domaine professionnel. J’ai vu aussi des gens qui ont eu une résilience incroyable, qui étaient capables de mener des études dans des contextes très difficiles, qui travaillaient, qui étaient brillants, qui avaient une vie très dure, et qui n’en restaient pas moins humains et positifs.


Genève peut-elle continuer à jouer un rôle important dans la gestion des relations entre les états et les différentes organisations ? 


C’est une question pertinente puisque depuis maintenant moins d’une décennie à peu près on remarque qu’à Genève, en restant au niveau de l’ONU, les subventions, qu’elles viennent des états, du secteur privé ou autre, ont eu tendance à se réduire, et ont une tendance à l’économie, à la réduction des coûts, à la délocalisation et à la création de hubs régionaux secondaires (à Budapest, en Tanzanie, au Kenya). Ce qui peut faire sens d’un point de vue économique, mais aussi d’un point de vue opérationnel. Il est vrai que la période dorée, que nous avons connu avec l’ONU à Genève, tend à se réduire. Il n'empêche que l’ONU va rester encore ici un bon moment. Parce qu’il y’a dans l’identité de Genève quelque chose de très particulier à prendre en compte. C’est une ville très cosmopolite, qui a été la ville où a été fondée la Croix Rouge avec le CICR. Il y’a énormément d’ONG, et il y’a un cadre assez particulier à Genève qui est quand même énormément avantageux pour le milieu diplomatique. C’est une petite ville dans laquelle on est amené à faire fréquemment des rencontres. À mon avis, même si nous avons l’impression parfois que le ciel s’obscurcit un peu au dessus de la Genève internationale, qu’il y’a des problèmes, qu’il y’a peut-être des changements effectués, de manière générale elle a encore un bel avenir dans les milieux de la diplomatie.


Comme vous l’avez précisé Genève est une ville très cosmopolite qui compte de nombreux fonctionnaires internationaux, et dont les écoles se spécialisent pour certaines dans l’enseignement des relations internationales, étant donné qu’il y’a une employabilité assez forte à ce niveau là. Que diriez-vous aux étudiants qui souhaitent se lancer dans ce type de carrière ? 


La première chose c’est que bien évidemment il faudra passer par des stages. C’est incontournable. Ils peuvent être parfois plus ou moins longs, et les stages rémunérés sont rares et sont très demandés. Donc ça amène au deuxième conseil que je donnerai aux étudiants, qui est de ne pas se décourager, de toujours continuer leurs efforts. Parfois il faut peut-être être amené à quitter Genève et à y revenir. À faire un peu d'expérience à l’étranger pour avoir un profil plus intéressant dans certains cas, c’est parfois nécessaire. Donc de manière générale il ne faut pas que les étudiants se découragent. 

On a un marché en terme de taille qui est quand même assez petit, mais qui est très compétitif et avec beaucoup de personnel qualifié. Donc je dirai aux étudiants, soyez patients, faites tous les efforts que vous pouvez pour vous améliorer, dans des domaines pas seulement académiques, mais aussi plus pratiques, ou en informatique. Si vous faites ces efforts, que vous arrivez à donner forme à un certain profil vous devriez quand même trouver votre bonheur, je n’ai aucun doute là dessus !


Entretien réalisé en juin 2020.

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